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Lalitha Lajmi à la Galerie Anne Barrault

  • tanishagandhi96
  • 3 mai
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 27 mai

du 29 avril au 14 juin 2025
Une exposition conçue par Skye Arundhati Thomas.

Written by : Tanisha Gandhi


Le travail de l’artiste indienne, longtemps resté dans l’ombre malgré des années de création dans son propre pays, arrive enfin à la Galerie Anne Barrault pour faire son début en Europe. Organisée par Skye Arundhati Thomas, cette exposition est accompagnée d’un superbe livre écrit par la commissaire elle-même. Ils offrent une entrée précieuse dans l’univers de l’artiste et dans son cheminement personnel et artistique. 


Née à Calcutta en 1932 - capitale indienne de l’empire britannique - elle a ensuite passé ses années de formation à Mumbai. Ces villes constituent deux centres majeurs d’art et de la culture, marqués par des figures comme Rabindranath Tagore, Satyajit Ray, mais aussi par Bollywood et la JJ School of Art.


Dès l’entrée dans l’espace lumineux de la galerie, ses aquarelles accompagnées de pensées manuscrites nous accueillent. Tout en découvrant sa pratique, on entre dans une pièce adjacente qui montre encore plus d’ œuvres que de dessins. Un visage revient encore et encore : celui de l’artiste elle-même. Des autoportraits dansent, gesticulent et nous observent.


Je peins des oiseaux qui s’envolent dans beaucoup de mes œuvres. Je suppose que c’est moi. Lalitha Lajmi, 1993.
Lalitha Lajmi,  Performer and Child, aquarelle sur papier, 2015. Photo: Dev Lajmi. Courtesy:  the Estate of Lalitha Lajmi and galerie anne barrault, Paris
Lalitha Lajmi,  Performer and Child, aquarelle sur papier, 2015. Photo: Dev Lajmi. Courtesy:  the Estate of Lalitha Lajmi and galerie anne barrault, Paris

L’autoportrait devient ici un outil d’introspection. Autodidacte à l’exception de quelques cours du soir à la JJ School of Art, elle travaille l’aquarelle, l’huile, l’acrylique et la gravure. Ses œuvres glissent entre le réel de sa vie et la surréalité de son inconscient. 

Dans cette exploration intérieure, elle s’est tournée vers la psychanalyse et l’analyse des rêves pour mieux se comprendre et nourrir son art. Elle tenait un journal de rêves et les interprétait à travers le prisme de la psychanalyse, les transformant peu à peu en récits visuels. 


Sa vie est en effet celle d’une fille ayant traversé la transition d’un empire colonisé vers une Inde indépendante. Une période où la quête identitaire était aussi bien collective que personnelle. Lajmi s’interroge sur sa place, notamment en tant que femme, dans cette société en transformation.


Je n’ai pas envie de produire des œuvres qui ne représentent pas leur époque. Elles auront, elles aussi, leur place dans l’histoire. Lalitha Lajmi, 2013.

L’artiste a grandi dans une famille de haute caste et culturellement riche : une mère linguiste, un père poète, et un frère, Guru Dutt, devenu l’un des grands réalisateurs du cinéma indien des années 1950. Son œuvre, encore peu connue en France, est pourtant considérée comme fondatrice du cinéma d’auteur en Inde. Elle a toujours évolué dans des cercles artistiques élitistes et exclusifs, accessibles surtout aux personnes de la haute société. À 29 ans, elle présente sa première exposition individuelle à la Jehangir Art Gallery de Mumbai. 


Lalitha Lajmi, Woman & Child with 3 birds, aquarelle sur papier, 2015. Photo: Dev Lajmi. Courtesy:  the Estate of Lalitha Lajmi and galerie anne barrault, Paris
Lalitha Lajmi, Woman & Child with 3 birds, aquarelle sur papier, 2015. Photo: Dev Lajmi. Courtesy:  the Estate of Lalitha Lajmi and galerie anne barrault, Paris

L’exposition à la Galerie Anne Barrault présente plusieurs de ses œuvres introspectives comme Woman & Child with 3 birds et sans titre (série “Performer”). Les tableaux sont habités par des regards absents, des figures à la fois familières et inaccessibles. On y retrouve aussi Performer and Child, autant de scènes qui semblent suspendues entre le rêve et l’instant figé, remplies d’une tension intime. Les visages semblent interchangeables, leurs traits flottent, se répètent. Les regards sont absents, tournés vers l’intérieur, vers celui de l'artiste.


Mais ce qui frappe peut-être le plus dans son travail, c’est la figure du « trickster », dieu espiègle. Cette figure présente dans de nombreuses mythologies (comme Krishna dans les récits hindous ou Loki dans les légendes nordiques), est ici incarné par Lajmi elle-même : esprit joueur, introspectif, insaisissable.  Lajmi est le  personnage principal. Elle se met en scène comme une performer, traversant la vie avec lucidité et malice, dont la vie semble être un jeu, une quête à se découvrir et observer le monde et ses particularités.



Lalitha Lajmi, sans titre, série “Performer”, aquarelle sur papier, 2018. Photo: Dev Lajmi. Courtesy:  the Estate of Lalitha Lajmi and galerie anne barrault, Paris
Lalitha Lajmi, sans titre, série “Performer”, aquarelle sur papier, 2018. Photo: Dev Lajmi. Courtesy:  the Estate of Lalitha Lajmi and galerie anne barrault, Paris

Comme sa manière de composer ses œuvres et ses dessins le montre, elle n’avait pas peur de laisser du vide ni des fonds clairs. Cela laisse de l’espace pour nous, les spectateurs. Peut-être pour nous projeter dans ses tableaux, ou même nous interroger sur ce qu’on ressent face aux regards flous de ses personnages. Tout au long de sa carrière, elle est restée fidèle à elle-même, à ses idées, à ses doutes et à ses vérités.


Je pourrais continuer à décrire ses œuvres, mais le mieux est encore de les vivre.  Le monde de l’art contemporain redécouvre aujourd’hui des artistes et des histoires longtemps marginalisés, cette exposition en est la preuve. Enfin, le travail des femmes artistes du Sud Global est présenté dans des galeries et institutions européennes. L’exposition, ouverte depuis le 29 mai 2025, se poursuit jusqu’au 14 juin. Ne manquez pas cette opportunité.


Lalitha Lajmi, sans titre, aquarelle sur papier, 2011. Photo: Dev Lajmi. Courtesy:  the Estate of Lalitha Lajmi and galerie anne barrault, Paris
Lalitha Lajmi, sans titre, aquarelle sur papier, 2011. Photo: Dev Lajmi. Courtesy:  the Estate of Lalitha Lajmi and galerie anne barrault, Paris
Lalitha Lajmi; sans titre, aquarelle sur papier, 2015.  Photo: Dev Lajmi. Courtesy:  the Estate of Lalitha Lajmi and galerie anne barrault, Paris
Lalitha Lajmi; sans titre, aquarelle sur papier, 2015.  Photo: Dev Lajmi. Courtesy:  the Estate of Lalitha Lajmi and galerie anne barrault, Paris






 
 
 

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